Stage national vidéo 2017
Pour quelle raison ai-je bien pu raccourcir de deux mois le break que je m'étais offert en Indonésie ... et pour quelle foutue raison je me suis lancé dans 1000km de route moins de 2 jours après avoir atterris à Bordeaux ?
La réponse est simple: donner le dernier coup de collier à un processus long et sinueux commencé il y a plus de 2 ans : valider le premier niveau de formateur vidéaste sous marin !
Samedi 17 juin, 2h du matin, température extérieure de 21°, la météo est bonne, l'air est sec et il n'y a pas de vent (oups je me crois encore dans l'avion), je démarre le camion ... le compteur affiche fièrement 107.618 km ... je sais que je vais lui coller une grosse claque cette semaine après plusieurs mois de calme
Je "fonce" donc comme un escargot en direction de la Gravière du Fort qui se trouve juste à côté de Stasbourg dans un petit patelin appelé Holtzheim... Il me faudra plus de 9h30 de route et 5 ou 6 étapes (temps total de 15h30, j'ai bien respecté les arrêts toutes les deux heures monsieur de la prévention routière) pour faire ces 1000km depuis Bordeaux (à priori on doit frôler la distance maximale possible en métropole depuis Bdx).
Heureusement pour la fin de la route je récupère Jean-Marc sur l'aire d'autoroute de Dôle : l'audi de "lolo le cowboy" de Carcassonne est chargée à raz-bord et je vois bien que ça les allège un peu de me confier un copilote qui m'empêchera de m'endormir et avec qui je peux enfin bavarder jusqu'à notre destination. Lolo garde le surfeur de palavas avec lui (quelle équipe !) et on reprends la route non sans avoir pris un petit casse-croute.
Nous arrivons "presque" à l'heure: à peine 30 minutes de retard ... ce qui est d'après moi un réel exploit. Tout le long de la route j'ai entendu un petit refrain me dire "mais qu'es-ce-que t'es venu foutre ici, t'étais pas bien à Bali ?" ... mais c'est ça la connerie volonté, quand on se fixe un objectif il faut aller jusqu'au bout.
Note du relecteur à destination de nos lecteurs de la réunion : c'est comme quand on grimpe sur le volcan et qu'on décide de faire demi-tour à 20minutes du sommet ! No way !
La base fédérale
La base est organisée autour d'algéco (préfabriqués) et de containers (pour le stock, le compresseur, le local technique, les combi, etc.). C'est pas mal sauf qu'en plein été sous la canicule il fait une température à crever !
Heureusement qu'on mettra en oeuvre un plan "grand frais" en allumant les clim (pas très écolo je l'avoue) dès le matin et fermant les issues ... merci Daniel pour l'impulsion car travailler sur ordinateur avec cette chaleur était très compliqué.
La Gravière du Fort
C'est un truc un peu particulier, Michel nous en parlera un peu mais trop rapidement pour moi, l'histoire de la Gravière est intéressante, son exploitation aussi et la tentative de faire cohabiter les plongeurs et le "respect" du milieu est admirable. Voici en quelques lignes ce que j'ai retenu:
- il n'y a pas d'épaisse couche de vase au fond car on est dans une zone où l'eau circule, ce n'est pas un étang ni un lac, c'est une sorte de réservoir d'eau "en transition" ... bon le fond étant à 40m je n'ai pas été voir
- il y a plus de 24.000 plongeurs par an sur ce site
- interdiction absolue de toute autres activités que la plongée (pas de pèche, pas de baignade, rien que de la plongée mais sous toutes ses formes)
- base fédérale de la région
- le moins possible d'intervention humaine, le milieu et son écosystème s'est remis en place "tout seul" après la fin d'exploitation de la gravière
- refus d'ouvrir la gravière aux plongeurs tant que les pontons de mises à l'eau n'étaient pas installés (pour éviter de saccager les zones de mises à l'eau)
- amis plongeur merci de respecter le milieu, on ne palme pas pour rester en surface (on gonfle sa stab) et on essaye de ne pas soulever les sédiments (oui il y en a un peu quand même) ... frog-kick bonjour ... perso je trouve qu'ils sont très légers sur ce point et je me rappelle des heures passées à BDT pour atteindre l'objectif de "Perfect Buoyancy" cher à toute l'équipe des instructeurs du club ... regardez la vidéo c'est géant !
- respectez les bestioles qui vivent ici, ne leur foncez pas dedans, ne leur courrez pas après, laissez les vous accepter
Bon en bref et au final c'est un trou plein d'eau et avec quelques bestioles qui y vivent et des aménagements pour plongeurs. Si j'avais à faire une heure de voiture pour y aller je pense que j'irais de temps en temps mais de là à faire 1000km ... non, il y a plein d'autres endroits plus près de chez moi pour faire des bulles dans l'eau.
Pour reprendre ce qu'à dit un pote que je ne balancerais pas car je pense la même chose, c'est un très beau bac de rinçage (de matos de plongée) que vous avez là chers amis
Cela dit il y a aussi les gens, ceux qui y vivent, ceux qui y bossent, ceux qui fréquentent la gravière ... et là on rencontre des belles personnes pour peux qu'on prenne le temps de bavarder. Et c'est là que j'ai senti la plus grosse différence cette année, comme je suis "stagiaire formateur" j'ai du temps pour les autres (je ne suis pas dans le tunnel de mon film à faire ou dans la découverte de trucs abstraits) et je me rends compte que j'ai de la chance de pouvoir bavarder avec tout ce petit monde !
Le stage vidéo donc
Il s'est déroulé sans problème, l'hôtel est à 3 minutes en voiture, on mange sur place et il n'y a aucune perte de temps en déplacements divers, pas de bateau, pas de marées, pas de courant, pas de ... bref que de la plongée, de la prise d'images et du travail en classe (formations, dérushage etc.).
Une bonne équipe d'encadrants (forcément je ne vais pas me cracher dessus, faut pas déconner quand même) et une extra-super équipe de stagiaires (dont certaines et certains ont des fonctions importantes tout en haut de la fédé, respect !).
L'intervention pendant la semaine de personnes extérieures, bravo François et les autres pour l'organisation:
- des copains (Clément et Léo) de Photo-Denfert qui nous ont prêtés du matériel et pour ma part fait rêver devant le GH5 ... ça y est la marche technologique que Panasonic a franchi est vraiment importante, Nauticam aussi avec un caisson qui est maintenant très proche des caissons des reflex (avec la porte arrière qui n'est plus une porte sur charnière mais un bloc complet qui se fixe comme sur les gros boîtiers de reflex);
- Daniel Keller, l'inventeur de Keldan qui nous a expliqué sa démarche et son point de vue quand aux phares vidéos;
- Serge Dumont accompagné de Vanessa Cara-Kerr et Vincent Lavigne, des professionnels de l'image sous marine, dispo pour répondre à nos (et mes trop nombreuses) questions ... forcément je suis resté sur ma faim, surtout quand Serge vous dit "j'ai gardé mon GH3, j'ai toujours mon GH4 et maintenant je m'éclate avec le GH5" ... regardez ce que ça donne par exemple et pour en savoir un peu plus sur le bonhomme qui est maître de conf à l'université de Strasbourg (entre autre);
À propos de GH5, les copains Clément et Léo ont apportés le caisson nauticam NA-GH5 ... de la belle ouvrage et mon vieux caisson de GH3 + Kit GH4 fait pâle figure à côté ...
Clément qui nous livre du matos de test directement dans l'eau ... ça c'est le sens du service !
Pour en revenir au contenu "dur" du stage, j'ai listé quelques contraintes spéciales liées à l'environnement local (à la différence des autres auxquels j'ai pu participer) :
- c'est de l'eau douce, le lestage est un peu différent (et le goût aussi oui);
- départ du bord et donc aucune contrainte de "palanquée groupée" et aucun stress lié à l'heure de départ bateau par exemple (c'est bien et c'est aussi un "manque" à mon avis);
- finalement 3 sites de plongées, sur une semaine ça fait un peu short surtout pour les stagiaires qui n'ont pas de matériel permettant de faire de la macro, de l'éclairage, du contre-jour éclairé etc.
- tout ce qui est intéressant à filmer est entre 0 et 4m de fond avec une grosse grosse préférence pour la zone de 0-1m ce qui est assez usant pour le poumon ballast, le palmage, le rétro-palmage, les oreilles, la stabilité;
- il n'y aura aucune mise en oeuvre "pratique" des concepts de "rincage" du matériel ou du "transport" (en bateau par exemple) ou tout ce qui concerne les précautions de mise à l'eau depuis un bateau et de retour sur le bateau;
- le sentiment de sécurité lié à l'absence de courant, d'orientation et de profondeur me laisse un peu sur ma faim, j'espère que lors des premières immersions dans des conditions un peu plus compliquées les stagiaires penseront à avoir un comportement plus "plongeur d'abord et vidéaste ensuite", par exemple je n'ai pas réussi à faire comprendre l'importance de mettre en oeuvre un reflexe du genre "après chaque prise de vue, je regarde mon ordinateur (temps de plongée, palier, heure de retour), mon manomètre (reste de l'air, où j'en suis etc.) et enfin je vérifie que mon binôme est bien là";
Dans les airs
La gravière est pile dans l'alignement de la piste de l'aéroport ... nous avons donc eu droit à quelques passages d'aéronefs divers et variés, décorés de nappes de pique-nique comme celui-ci ou d'autres cocardes ... et hop! lààààà
En surface ...
J'ai eu tout le temps que j'ai voulu pour observer les Foulque macroule et autres Grèbe huppé qui tiennent le haut du podium, ensuite je n'ai même pas pensé à faire des photos des grenouilles et autres batraciens par contre j'ai leur chants dans la boite !
Il y a plein d'autres choses à observer dans cet écosystème un peu particulier, je vous passe les détails et vous livre quelques photos au hasard ...
Les aménagements
La gravière est admirablement bien équipée pour les plongeurs, on sens que ça a été pensé par et pour des plongeurs.
La rampe de mise à l'eau est un modèle du genre avec différents niveaux, elle est utilisable par les plongeurs handi (qui viennent de plus en plus nombreux) et permet de s'immerger et de sortir de l'eau dans des conditions idéales. Les autres pontons de mise à l'eau sont bien placés et permettent de préserver les berges ... Il y a également quelques plates formes immergées qui permettent (j'imagine) de faire des exercices sans se préoccuper d'un éventuel "plantage du stagiaire" sur le fond (fragile) ...
Les aménagements de mon matos de plongée
J'ai mis en oeuvre une idée qui me titille depuis des mois maintenant : faire en sorte que chaque plongeur puisse être utilisé comme support au réglage de la balance des blancs / gestion de la colorimétrie.
Ce n'est pas encore parfait mais l'idée est là, je veux faire un test, je m'approche de mon collègue plongeur et ne lui demande rien, tout est disponible sur son bloc dans son dos sans qu'il n'ait rien à faire. Même s'il est en train de filmer un truc ou de prendre une photo je peux l'utiliser comme support permanent de tablette de colorimétrie car c'est bien de ça dont il s'agit !
Pour ce stage j'avais ça sur mon bloc et je n'ai pas poussé l'idée jusqu'à installer la même chose sur le bloc de mes collègues de palanquée mais ça sera fait lors de mes prochaines plongées vidéo.
Sous l'eau
Après tout ce blabla il est temps de mettre la tête sous l'eau et de regarder ce qu'on peut y voir. À la fin de la première plongée j'étais un peu dépité, à la fin de la 3° je me suis dit qu'il faudrait vraiment des idées pour trouver des sujets intéressants pour les films du stage car tout le monde plonge au même endroit, voit les mêmes choses et rencontre les mêmes bestioles ...
Certes il y a des ambiances assez incroyables, qu'on ne peut rencontrer qu'en eau douce ...
Et pour finir...
De manière synthétique:
- Nous avons tous les trois validés notre FV1 c'est cool;
- Les deux plongées faites en "solo" avec juste lolo le cowboy ont été assez géniales;
- Je regrette de ne pas avoir assez préparé ma venue ici et de n'avoir aucune idée de la spécificité de cet écosystème avant que Michel ne nous en parle;
- Je n'ai fait aucune sortie macro;
- J'avais apporté une sonde pour calibrer les écrans et je n'ai même pas pensé à le proposer;
- D'une manière générale je pense que le décalage horaire m'a quelque-peu impacté ... mais je pensais que ça serait pire;
- Je n'ai fait aucun montage, pas d'inspiration, pas d'images, pas d'idées ... pas glop;
- Merci à Rosine, Nadine, Thiery et Laurent pour m'avoir filé des rush où je suis ... ça fait plaisir même si je me fais attaquer par une perche et que je n'ai pas forcément le beau rôle !
- J'ai peu ou pas osé reprendre "mes" stagiaires sur certains points de plongeurs alors que ça me titillait, je pense que le N4/Monitorat me fera du bien si je m'y lance, en tout cas les réflexes de BDT m'ont donnés envie de ... mais je me suis retenu (on est en france);
- Merci BDT pour les bonnes idées et habitudes, j'ai sortis ma slate et j'ai noté des choses sous l'eau, je crevais d'envie d'en faire plus;
- Je vais vraiment re-sortir le livret pédagogique que j'avais fait l'an dernier tellement j'en ai eu besoin pour avoir les idées claires sur les niveaux à décerner aux élèves;
- Je ne retournerais pas à la Gravière de mon propre chef, plus de 9h de route pour ça c'est beaucoup trop même si c'est un coin assez magique, je dirais qu'à une heure de route oui mais plus ... non;
- J'ai trouvé que la présence de Clément et Léo était bien plus "profitable" pour nous que celle de Serge, Vanessa et Vincent (la formule "conférence" + questions me semble moins facile pour créer de vrais échanges);
- Bravo aux organisateurs, c'était vraiment top;
- Un petit bof pour les repas mais c'était peut-être aussi mon contre-coup du voyage et le changement brutal de régime alimentaire;
- J'aurais aimé être débriefé à la fin de mes plongées en tant que formateur en formation, j'ai débriefé mes élèves mais j'ai pas pensé à demander à un "grand chef" de bavarder avec lui sur ce que je pensais des plongées ... d'un autre côté il n'y a pas eu de problèmes mais voilà c'est juste une question d'habitude;
Dernière photo: le soleil se couche sur la Gravière, un plongeur part pour une plongée de nuit ...
Le film du stage est super sympa, je vous invite à aller le regarder... Bravo à Pascale et Lionel qui étaient aux commandes de ce projet.