Une petite journée à Phnom Penh
Après les km avalés hier et le point que j'ai fait je sais que je ne pourrais pas tout faire compte tenu du temps qu'il me reste à passer dans ce pays ... je pensais visiter Phnom Penh à la fin du voyage mais finalement vu que j'y suis autant en profiter !
Ce matin, alors que je suis triste comme un vieux cailloux au fond du jardin qui ne sert plus à rien, je décide de partir à pied pour découvrir la ville et "sentir" la capitale "au réveil" sachant qu'une ville de cette taille ne s’endort jamais. Je passe donc sur les détails de ce qu'on peut voir et trouver à 4h30 - 5h du matin quand on est un occidental dans une ville comme celle-la, ça n'est pas rassurant sur l'humanité, ça renforce encore ma tristesse, brrr, mauvaise journée à venir.
Je me dépêche donc de suivre mon plan (que j'ai récupéré à l'accueil de la Guest-House, rue 302 hier soir), direction le Palais Royal via le monument de l'indépendance et "selon mon humeur". J'ai mis mon sac de rando sur le dos histoire de voir si ma "configuration" est acceptable (et le poids).
La circulation commence à se densifier au fur et à mesure que le soleil arrive. Un truc est sûr, je n'aime pas la ville, c'est pas mon truc, regarder où je marche pour éviter des ordures, des flaques douteuses, des trous béants dans le trottoir, c'est pas comme ça que je m'éclate, c'est pas ça qui m'intéresse.
La place devant le Palais Royal
Le seul endroit que j'apprécie est la place devant le palais royal, c'est propre, aéré, les gens donnent à manger aux pigeons, les enfants leur courent après, la rue est interdite à la circulation, je me pose, je regarde, j'apprécie. Trois personnes font de la gymnastique, des cohortes de touristes passent d'un pas pressé pour cocher le maximum de sites à visiter dans le moins de temps possible sans doute ... moi je laisse le temps passer.
Un gars qui passe engage la conversation et me sors de mes réflexions sur le sens de la vie et l'organisation sociétale des pigeons et de ceux qui les nourrissent (!!?!!!), bref je bavarde un peu avec lui de la pluie et du beau temps et finalement il m'explique que je suis forcément riche car occidental et que je dois par conséquence l'embaucher pour qu'il me fasse visiter la ville aujourd'hui ... la démonstration est intéressantes mais je lui indique que je ne suis pas client, j'aime flâner sans idée précise d'où je vais mettre mes pieds dans 20 minutes.
Comme il me colle aux baskets (mais qu'es-ce qui m'a pris de lui faire de la place sur "mon" banc screugneugneu) je finis par bouger et je me dirige vers le musée national, tout proche. Je suis hyper motivé et je m'attends à un truc grandiose comme ... je sais pas, le Louvre ? (vu l'extérieur du palais ça m'a donné une image assez top) oui peut-être un truc du genre en tout cas.
Le Musée National
L'absence totale d'amabilité de la personne à la caisse à l'entrée aurait du me mettre la puce à l'oreille (elle refuse que je paye l'entrée en monnaie locale et exige des dollars, parfois j'ai du mal à comprendre) ... et je déchante très très vite. C'est un musée comme j'en ai horreur, des vitrines quasiment entassées les unes à côté des autres, c'est terne, rien n'est mis en valeur ... en bref, j'ai l'impression d'être en face d'un alignement de 20 fois la même statue, j'ai qu'un truc à dire : "beurk".
Les seules indications qu'on comprends vraiment c'est l'interdiction de faire des photos, ce qui motive tout le monde à sortir son téléphone ou sa mini caméra le plus discrètement possible et prendre des photos minables juste pour braver l'interdit
Je fais deux fois le tour du musée histoire de me convaincre, non, trois fois ... je pousse jusqu'à quatre fois même !!! à chaque fois j'ai le même dégout des musées qui remonte, impossible de réveiller ma curiosité, comme quoi l'emballage est important !
Je trouve refuge à chaque fois dans la partie centrale du bâtiment qui rassemble 4 petits bassins et où je retrouve un peu d'espace, d'air et de calme (et pourtant il n'y a pas grand monde comme visiteurs dans ce musée). Là encore je prends le temps de laisser passer le temps, la journée est lourde.
Un bus de touriste débarque, 20 minutes de bordel, je laisse passer les centaines de photo de type "moi-devant-la-statue", "moi-devant-Shiva", "moi-devant-Bouddha" ... etc. finalement, le calme reviens, je repasse un coup devant les statues issues d'Ankor ... moi ça me laisse un peu "froid", un peu trop figé peut-être ...
Je repense à ce musée et je me dis que je suis finalement très exigeant et mes attentes sont peut-être trop hautes ... j'ai du mal à comprendre, généralement il me suffit de peu de choses pour réfléchir, me poser des questions, analyser les choses, mais là ... il n'y a qu'une zone du musée qui m'attire un peu (en dehors du jardin), c'est une exposition "temporaire" sur des poteries et traces de vie dans les cardamomes ...
En sortant du musée, résistant encore aux propositions de tuktuk (j'ai encore envie de marcher, quel drôle d'étranger celui-ci alors), je "remonte" une petite rue et là, je tombe sur des sculpteurs qui "font la même chose" (des copies) et ça, ça me laisse pantois, je n'ai même pas pensé à leur demander si je pouvais prendre une photo, je suis resté bien 5 minutes émerveillé devant ces mecs qui transforment un bloc de pierre en une statue !!!!!
Maintenant que je suis de retour en France et que je me documente sur le musée (cf l'article wikipédia et les ressources sur commons), je me dis que je suis peut-être passé à côté ou que les lumières étaient peut-être éteintes ... en tout cas je n'ai pas souvenir d'avoir été dans des pièces aussi lumineuses.
Le génocide Khmers Rouges
Attention, âmes sensibles je ne peux que vous conseiller de sauter ce paragraphe, si vous avez des enfants à côté de vous ne cliquez pas sur les liens présents ici, j'ai fait exprès de ne pas mettre de photos pour éviter de choquer ...
Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges entrent dans la capitale ... la suite je vous laisse la lire sur des sites qui ont fait un boulot bien plus avancé que je ne pourrais jamais, l'horreur https://fr.wikipedia.org/wiki/Khmers_rouges et https://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_du_régime_Khmer_rouge
Ça s'est passé à peine 30 ans après la seconde guerre mondiale ...
Bref, j'ai profité de ma présence à Phnom Penh pour visiter la prison S21 qui est "l'endroit" à visiter pour se faire une idée de l'horreur. Ce musée propose des audioguides à l'entrée, dans je ne sais combien de langues, ça permet de faire la visite à son rythme et de ne pas avoir de guide ...je n'ai pas compris quand on m'a demandé en quelle langue je voulais le guide, machinalement "english" mais j'ai échangé ensuite avec un "french", c'est peut-être le seul endroit avec la douane ou j'ai rencontré des officiels qui parlent français
Ce lieu de torture était ... une école, ça a ajouté à mon état d'esprit, comment on peut être tordu pour transformer un lieu de savoir, d'instruction et d’émancipation en prison et lieu de torture ... finalement les murs d'enceinte sensés protégés les enfants sont "à double usage" ça peut aussi empêcher les gens de sortir, la grande porte unique également ... les salles de classes transformées à moindre frais ... et le grand patron de ce centre était ... enseignant !
Je n'ai pas réussi à faire le tour complet, c'est important d'y passer, de prendre le temps, de laisser du temps au temps.
Dans le "jardin" se trouvent des bancs, bien à propos, ça permet de se poser et de réfléchir, de méditer, de ... se calmer aussi.
Un survivant est présent avec sa petite fille, il propose des dédicaces de son livre, de prendre une photo avec lui, pauvre homme après avoir été prisonnier de S21 le voilà prisonnier du système, beaucoup de touristes veulent poser avec lui pour avoir une photo ... à quoi ça rime tout ça ?
Je le regarde dans les yeux quelques secondes et il me donne vraiment l'impression d'une énorme tristesse et d'un sentiment d'être là par obligation, attention je ne juge pas, c'est juste mon ressenti. Il me fait penser à nos anciens qui parlaient de qu'ils avaient vécus pendant la Seconde Guerre Mondiale. On échange un sourire furtif, plein de mélancolie et je retourne m’asseoir sur un banc pour laisser du temps au temps.
Je n'arriverais pas à manger quoi que ce soit pendant 2 jours.
Le bus direction Siem Reap
Je finis par bouger pour aller prendre le bus direction Siem Reap. La route est en travaux et il n'y a pas grand chose à raconter à son sujet, la suite au prochain épisode