rycks' corner

Direction donc un peu de documentation, tout d'abord, les chauves souris c'est des Chiroptères et il ne faut pas s'arrêter aux idées reçues (ça tombe bien, j'avoue que sur ce sujet j'ai pu faire le candide complètement naïf facilement, je ne me suis jamais préoccupé de ces petites bestioles là).

Enfin, pour finir de me décider que c'est sacrément intéressant et idiot de ne pas s'en être intéressé avant, je vous copie/colle ça:

L'université de Gainesville était envahie par les moustiques. En septembre 1991, la ville entreprit de construire une « bat house » géante. Au printemps, 18 mâles s'installèrent, puis 300 autres. Trois ans plus tard, 1000 femelles séduites, colonisèrent à leur tour « l'établissement ». En mai 1998, on comptait 70.000 chiroptères qui consommaient chaque nuit quelques 60 millions d'insectes nuisibles. La population de chauve-souris attira des prédateurs, hiboux et faucons, favorisant l'émergence d'une nouvelle biodiversité. L'expérience, très positive, fut reconduite non loin de là, du côté du lac Alice. (source: http://www.cles.com/enquetes/article/le-paradoxe-de-la-chauve-souris/page/0/2)

Ensuite, j'ai noté que ça pèse quelques grammes à peine et que c'est vraiment tout petit. Tout le reste c'est mon gentil guide qui me l'a indiqué.

La première nuit a été consacrée au radio-tracking des "chiro" capturées la semaine précédente et qui sont donc équipées d'un petit émetteur radio. Vu la taille et le poids des bestioles, il n'est pas concevable de les équiper d'un émetteur pesant plus que quelques grammes. L’émetteur radio est donc le plus simple possible et il faut se positionner, avec une antenne Yagi pour localiser la bestiole, trois équipes sont donc nécessaires pour opérer par triangulation. Et là je vous avoue que je me suis vraiment éclaté, ça m'a fait revivre les nuits passées en ville à la recherche des premiers émetteurs wifi ... sauf que là c'est en pleine forêt, qu'on est à pied et que c'est un animal qu'on traque ... les nuits passées dans les forêts des landes remontent vite en tête, il me tarderait presque de chausser les bottes et de partir à la recherche des tumulus, arbousiers, champignons, mousse pour la crèche de noël ... oui c'est certain la forêt est un milieu où je me sens bien (aussi).

Peu importe les résultats officiels de cette nuit là (notre "chiro" numéro 5 n'a pas bougée de la nuit, émetteur tombé par terre, grosse flemme, mise bas, pleine lune, beaucoup d'hypothèses ont été avancées), pour moi, l'essentiel c'est que j'ai rencontrés des gens passionnés et qui m'ont accueillis sans arrière pensée, ça fait du bien. D'ailleurs en parlant de passionnés, JP voulant absolument me faire vivre un tracking nous a amenés en suivre une autre dont il sait qu'elle bouge bien et pour laquelle les données collectées sont suffisantes pour savoir quel est son terrain de chasse.

J'ai remis le couvert le lendemain (nuit de dimanche à lundi) ... on bosse le lundi matin, tant pis, j'ai vraiment envie de voir comment se déroule une nuit de "captures".

Le démarrage est plus "radical", pour capturer il faut tendre des filets et ça, ça demande de l'organisation, du savoir faire et surtout il ne faut pas perdre de temps, tout ça est à mettre en place avant la nuit ! Je me retrouve donc comme un bénévole lambda à porter des perches, des haubans (hum, de la "ficelle" oui) derrière un chef directif mais sûr de lui donc on stoppe les neurones et on fait comme il dit. Et on fait des noeuds de vaches qu'il suffit de tirer pour défaire, oubliez vos noeuds de marins les amis

Je pose une perche, cherche à faire le nécessaire pour "haubaner" la perche, aide à démêler les filets et hop on passe au suivant, trouver un bout de bois, casser des branches pour que le filet soit propre ... la nuit approche, il est temps de déplier les filets.

Ensuite c'est une nuit à faire des rondes (moi j'ai stoppé à minuit histoire de pouvoir aller au bureau le lundi matin), passer de filets en filets pour voir s'il y a du monde, et le cas échéant démailler la bestiole, puis l'amener au camp de base où elle sera rapidement analysée, mesurée, pesée, répertoriée (mais pas marquée ni équipée d'un émetteur si c'est une espèce déjà connue et sur laquelle l'étude ne porte pas). Perso je n'ai pas touché une seule bestiole me contentant de mon rôle d'observateur privilégié, un peu comme un journaliste d'investigation, que du bonheur.

Et c'est pendant ces rondes que j'ai commencé à apprendre à écouter les ultra-sons des chiro ... car elles émettent des sons dans une partie audible par l'oreille humaine (enfin, sauf si on a cramé nos oreilles en écoutant de la musique trop fort, en descendant comme des boulets en plongée sous marine etc.). Bref je commence à entendre ces petits sifflements ... c'est beau. Et dire que les experts qui sont la arrivent apparemment à faire un premier diagnostic des espèces présentes juste à l'oreille et avec quelques indices quand on les "vois passer" (là j'avoue que moi j'ai pas vu grand chose).

Je n'ai pas de photos de chiro emprisonnée dans un filet. Mais pour les étapes suivantes oui

En fait, je me souviens maintenant qu'à Abidjan, les chauves souris font partie du rythme de la journée: en fin de journée quand le soleil se couche ce sont des milliers d'individus qui s'abattent sur la ville, et dans ce cas, le cumul des ultrasons donnent des sons bien plus audibles ... il faudrait que je fouille mes archives photo mais je crois avoir une photo de ce "nuage de chauves souris" !

Vérification des dents

Puis du sexe et de l'état reproducteur (selon la taille des testicules, ou l'état des mamelles)

Mesure de la longueur de la première phalange

Vérification de l'état de calcification des phalanges (permet de savoir si l'animal est adulte ou juvénile)

Puis on écris tout ça sur le journal d'inventaire de la soirée, ça va probablement rejoindre les statistiques ou l'étude des étudiants présents

Pendant ce temps à l'autre camp de base, bien à l'abri dans un camion, une autre équipe s'affaire autour des chiro qu'il faut étudier et équiper d'un émetteur. Encore une fois, de l'autre côté de la vitre, les yeux collés comme un gamin la première fois devant un aquarium, j'observe la scène et essaye de comprendre ce qu'ils font !

On lui souffle dessus, pour la de-stresser ? lui refaire le brushing ? je crois que je n'aurais pas la réponse mais j'ai trouvé cette photo vraiment sympa, un moment où j'ai l'impression qu'un grand flux de tendresse entre l'homme et la chauve-souris. En fait la réponse est simple: On lui souffle dessus, de manière très prosaïque pour lui ecarter les poils pour voir : le sexe et l'état des mammelles en cas de femelles non gestantes. Ce qui permet de dire si elle est lactante (qu'elle allaite un petit resté au gîte). Souffler dessus est la meilleure méthode, moins stressante, plus rapide et plus efficace.

Les mêmes informations sont collectées, taille, poids, sexe, espèce ... j'aurais du noter la totalité des informations collectées !

Tout ceci est reporté sur le journal de bord

Puis l’émetteur est fixé, la fréquence de chaque émetteur étant différente il faut aussi configurer le récepteur à chaque fois

Et une petite image bonus pour la soirée, voilà la photo d'une chiro avec des grandes oreilles, c'est un Murin de Bechstein. Toutes les autres photos représentent des Murin à oreilles échancrées.

Vidéo ?

Trop peu de matière pour faire un montage réel mais ..... Télécharger le fichier