Rodrigues en 9 jours

Je vais tenter de faire un petit retour sur les 9 jours passés sur l'ile ... c'était du 15 au 24 juillet.

Ce billet sera probablement un peu réactualisé / remanié lorsque j'aurais le temps d'y revenir car le temps passe vite et j'ai du mal à tout mettre en ordre !

À la base, j'ai été invité pour les rmll-d sur l'ile de la Réunion et j'avais demandé à avoir le billet retour en métropole pour 3 semaines après la fin des rmll-d ... En complément de la découverte de La Réunion, j'avais prévu d'aller à Mayotte pendant une ou deux semaines pour participer à un programme d'éco-volontariat sur les tortues.

Le voyage

Mais après deux mails (un en mars et l'autre en mai) sans réponses et l'impossibilité de joindre cette structure j'ai cherché une autre solution. J'aurais pu partir à l'aventure vers Mayotte et me balader avec mon sac sur le dos ... mais après en avoir parlé avec Sylvain et Bruno d'une part et étudié la question Mayotte d'un peu plus près je n'ai pas eu envie de me lancer inutilement dans une galère et j'ai (pour le même prix) décidé d'aller sur Rodrigues sans passer par Maurice !

J'embarque donc sur un ATR-72 depuis l'aéroport Saint-Pierre direction Rodrigues ... petit plaisir au passage, on marche sur le tarmac jusqu'à l'avion ce qui permet d'en faire une photo et ça c'est cool.

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Après environ 2 heures de vol sans soucis (vent dans le dos, peu ou pas de turbulences) me voici arrivé avec un peu d'avance. L'équipage de Air Austral et vraiment tip top, gentil, dispo, et surtout ... joyeux, quelques blagues entre les deux hôtesses, ça fait plaisir.

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Juste avant de se poser j'apprends que les sacs plastiques sont interdits sur l'île, sur le moment je trouve ça super mais ... vous verrez que finalement la réalité est toute autre.

L'arrivée

Le premier gag est que la personne qui doit me servir de chauffeur pour aller jusqu'à l'autre bout de l'île attends une femme ... et je dois donc lui expliquer que c'est bien moi qu'il doit trimbaler jusque chez Guilmette :-)

Le second est que je me dirige vers la portière avant-droite de sa voiture ... hum on roule à gauche ici et j'essaye donc de m’asseoir à la place du chauffeur !

Allez, finalement c'est bon, mes sacs sont chargés, je prends place et hop traversée de l'île.

L'hébergement & l'accueil

J'ai déjà consacré un billet du blog à ce sujet : Hébergement au Macoua

À peine arrivé et après un accueil vraiment top de Guilmette je prends mon sac à dos et vais faire quelques pas en bord de mer pour regarder à quoi ressemble la barrière de corail, je suis impatient d'aller plonger.

À propos de corail, ma 1ere photo sera celle d'un bloc mort posé sur le sable, en vérité il y a vraiment beaucoup de corail mort sur la plage.

Corail mort sur la plage

Et je me laisse ensuite envahir par cette image, la force de l'océan qui frappe à longueur de journée sur la barrière de corail qui protège l'île ... c'est absolument magique et cette image est vraiment un moment fort du début de ce séjour.

Vue de la plage non loin de l'hébergement ...

La météo

Globalement la météo n'a pas été très favorable... c'est ce qui arrive lorsqu'on décide de visiter une île en hiver ! Mais en plus j'ai joué de malchance, c'est pile la semaine où une tempête tropicale s'est constituée: Abela ("C'est la quatrième fois que le phénomène se produit en cinquante ans", article ouest-france).

J'ai donc admiré des vagues de 4,5m s'écrasant sur le récif, passant au dessus, créant un courant impressionnant de "chasse d'eau" pour repartir vers le large comme des baïnes, 24h/24h pendant une semaine.

Ce spectacle à couper le souffle m'a même obligé à porter un truc sur les oreilles pour finalement marcher avec un casque et écouter de la musique pour tenter de masquer un peu le bruit (vacarme) du vent et des vagues.

Une grande aire de jeux pour marcheur

Rodrigues est une île parsemée de sentiers et les habitants marchent beaucoup, si vous aimez marcher c'est une destination assez sympa mais dont le rythme doit-être adopté: chaque rencontre donne lieu à un bonjour, on se serre la main, on bavarde et ça modifie un peu ou carrément la rando prévue.

J'ai fait une moyenne de 15km de marche chaque jour, le relief n'est pas aussi imposant qu'à la Réunion vu que le point haut de l’île culmine à quelques centaines de mètres d'altitude :-)

Au bout de quelques jours, j'ai aussi usé de l'astuce de Guilmette pour prendre le bus dans une direction et revenir à pied histoire de découvrir des zones plus éloignées de l'île.

Au sujet du bus, il a un vrai rôle social au sens large, bien plus que de trimbaler des gens, pour commencer, si vous voulez prendre le bus il suffit de lui faire signe, peu importe que vous ne soyez pas sur un arrêt de bus. Ensuite il lui arrive (au bus) de stopper à un endroit, on voit alors un passager descendre (avec un bébé dans les bras par exemple ou un sac de marchandises), confier son "colis" à une autre personne qui est au bord de la route, lui donner quelques consignes (du genre on se retrouve ici à 4h) et ... remonter dans le bus 2 minutes plus tard, tout le monde attends en bavardant, le chauffeur ne s'impatiente pas ...

Ou alors une personne qui charge un sac de riz de 20Kg "pour la petite dame du village ..." et hop le bus trimbale sa cargaison jusqu'à la destination où une personne en prend livraison, bref le bus c'est le moyen de déplacement solidaire de l'île, j'ai apprécié ces moments magiques mais je n'ai pas osé prendre de photos ou filmer les scènes.

Les gens

Hé bien ils sont Humains ces Rodriguais ! Vraiment, j'ai croisé que des gens gentils et disponibles, il faut prendre le temps de bavarder avec chaque personne rencontrée même si c'est "juste" pour acheter une bouteille d'eau ... d'où venez vous, que faites vous ici en hiver, la pluie, le beau temps, les enfants, la famille, tout est sujet d'échanges entre rigolades et anecdotes, le temps passe à une vitesse différente.

J'espère que tout ceci ne changera pas trop, je sais que c'est une illusion, les "vieux" avec qui j'en ai parlé constatent déjà que les jeunes ne sont plus aussi partageurs qu'avant, que les téléphones individuels ont remplacés le ballon de foot et les jeux en communs, que les grosses voitures commencent à envahir l'île, que le sens de la richesse et propriété individuelle commence à faire son œuvre ... les jardins sont de plus en plus clôturés et fermés là où ils étaient juste délimités par 4 poteaux avant ... (à part les potagers et autres espaces à protéger des chèvres, cabris et autres animaux).

Contributions à openstreetmap

À force de marcher et de me déplacer (et de ne pas avoir grand chose à faire, frôlant l’ennui et le désœuvrement, essayant de philosopher, réfléchir au sens de la vie, aux choses importantes tout ça ... et finalement prendre mon mal en patience) j'ai fait quelques contributions pour la cartographie libre openstreetmap ... il me reste encore beaucoup de boulot vu que la connexion internet était tellement limitée que je n'ai pas pu "transformer" toutes mes traces GPS !

Des paysages à couper le souffle

Je sais que ça fait rêver mais ça fait du bien, voici quelques belles images des plages de l'île ... c'est une sélection des moments où il fait beau (du genre, un rayon de soleil de 5 minutes).

Et une autre série de quand le mauvais temps s'installe ou débarque sans prévenir ...

De la plongée ?

Finalement j'ai plongé deux fois (sur la même journée avec un intervalle de surface de moins d'une heure vu les conditions météo) et j'en retire une envie de revenir à la belle saison pour pouvoir enfin voir le récif depuis l'extérieur ...

Ces deux plongées successives en intra lagon m'ont quand même données l'occasion d'observer

  • deux tortues
  • trois syngnathes
  • deux turbos ensablés
  • trois vives ensablées
  • des bancs entiers de rougets
  • des bancs de carangues
  • deux porcelaines vivantes
  • un gros, très gros mérou qui est carrément venu à notre rencontre pour voir à qui ça ressemble un plongeur !!!! dingue
  • une murène, pas grosse, énorme, alors qu'on était en train d'observer un syngnathe on voit carrément un bout du décors qui bouge :o)
  • .../...

Merci encore à Philippe et son équipe de m'avoir permis de faire ces plongées ...

Des animaux en liberté partout

Vous avez déjà pu le voir sur les photos précédentes mais ici les animaux sont bien souvent en liberté, ça donne des situations parfois cocasses mais toujours très insolites pour nous qui n'y sommes pas habitués. J'ai personnellement vraiment apprécié faire des rencontres de ce genre au milieu de nulle part, tomber sur un groupe de cabris pas sauvages pour deux sous au détours d'un sentier, voir une vache brouter paisiblement face à la mer, pas stressée pour deux sous, bien loin des "usines à viandes" qu'on connaît malheureusement chez nous ...

Ça, ça fait partie de mes "coups de cœurs" de Rodrigues, je marche et au lieu d'essayer de surprendre un animal sauvage paf on se trouve nez à nez avec un bœuf, un cabri, des poules, pintades, cochon ou je ne sais quoi encore, je n'ai pas pris beaucoup de photos mais c'est vraiment super agréable. Certains sont attachés à un arbre mais le reste du temps c'est sans clôtures, libres comme l'air.

La réserve de grande montagne

rodrigues-faune_et_flore.jpg J'ai eu de la chance, le jour où j'ai décidé d'aller visiter la réserve naturelle de grande montagne ! Pourtant la journée commence mal, le mauvais temps est de la partie, j'ai droit à deux gros abats d'eau en attendant le bus mais je tiens bon sous mon blouson de pluie et le bus me dépose au bon endroit ... une heure avant l'ouverture, ça c'est tout moi, bon je patiente et aujourd'hui personne ne s'arrête pour bavarder. 9h30 je vois arriver un gars en moto, un look de mec normal, super gentil, dispo et qui tiens absolument à m'accompagner pour la visite de la réserve, je suis le seul client, j'ai un guide rien que pour moi !

J'ai un peu peur qu'il ne me fasse le coup de la visite guidée apprise par coeur mais il n'en est rien, c'est l'auteur du livre "La faune et la flore de Rodrigues" qui est en vente dans la maison qui sert d'accueil et de musée ... oui oui, Stephen Kirsakye en personne ! Un passionné, je passe deux heures magiques à observer les fauvettes et autres araignées à défaut de trouver autre choses à se mettre sous la dent. Chaque arbre est détaillé mais il n'est pas sur mon dos, apprécie que je prenne mon temps pour laisser la fauvette approcher pour tenter une photo, relativisant "tu trouvera une belle photo dans le livre" :o)

Les roussettes de Rodrigues en milieu naturel

Ça c'était un truc que je voulais absolument voir, j'ai demandé à Stephen où les trouver, sa réponse a été super : passe donc au bureau demain, je te ferais visiter la pépinière et on ira ensemble observer les chauves souris ... sans dec ! J'y suis donc allé le lendemain, pour finalement tomber sur une collègue super gentille et désolée : Stephen a été appelé sur une "urgence" (faire visiter la réserve à un groupe qui a passé un coup de fil ce matin).

Résultat me voici avec une vague direction indiquée par la collègue de Stephen du genre "c'est de l'autre côté de la route au dessus, derrière l'arrêt de bus" ... je vous laisse imaginer.

J'ai mis deux heures avant de trouver, je me suis cassé la figure 10 ou 20 fois, me suis déchiré le bas du mollet sur un vacoa "double tranche", mangé des toiles d'araignées à faire mourir de peur des personnes dont je tairais le nom ... tendu l'oreille à la recherche d'indices sonores, esquinté les yeux à la recherche des bestioles dans les arbres ... et finalement je n'ai qu'un truc à dire c'est WAOW !

Je suis tombé sur l'arbre aux 50 roussettes, un truc de DINGUE, elles sont ÉNORMES par rapport aux pipistrelles que j'ai pu voir dans les Landes, imaginez des bestioles de 350g en moyenne, c'est ... magique.

J'ai passé deux heures de plus à les admirer, essayer de les prendre en photo sans les déranger, me faire bouffer par des moustiques (tigres), ayant forcément oublié mon répulsif ... mais c'est bon je peux cocher une très très grosse case de ma todo-list des rêves que j'avais en posant le pied ici. Je peux dire que j'ai vu la Roussette de Rodrigues en milieu naturel.

Le marché de Port Mathurin

De passage dans la capitale pour retirer des sous je me suis arrêté au marché pour prendre quelques souvenirs et surtout quelques photos ... moment sympa, les marchands ne vous sautent pas dessus, c'est vraiment une bonne ambiance.

À souligner qu'aucun sac plastique ne vous sera distribué pendant le marché, par contre des sacs en "toile" un peu solides sont disponibles, je salue l'initiative et espère que la planète entière fera rapidement de même.

La réserve des tortues

Je me suis fait mal en y allant, voir des animaux en cage c'est toujours très délicat et j'en suis sortis avec une mauvaise impression, "pas glop pas glop", surtout quand j'ai pu voir ces tortues endormies se diriger vers les touristes que nous sommes pour se faire chatouiller comme si on était à la foire, en vérité ces braves bêtes sont apprivoisées et ne semblent vivre qu'au rythme des visites des humains.

Je ne parlerais même pas des deux chauves-souris enfermées dans une cage comme au zoo de la palmyre où j'avais pu voir les premiers spécimens ... heureusement qu'il y avait des enfants dans le groupe, ils ont donnés du relief à cette visite avec leurs réactions et manières de parler et de se comporter vis à vis de ces bestioles inconnues ... sans eux je suis certain que cette visite m'aurait foutu un cafard monstre.

Je me suis forcé à faire quelques photos que j'espère exploitables pour data et wikipédia, je crois avoir filmé une tortue en train de boire (elles aspirent l'eau par leur narines il faut le savoir et c'est assez étrange d'en voire une capable de boire lentement pendant de longues minutes et se dire que pendant tout ce temps elle est en apnée).

L'être humain est quand même un gros problème

Bon, je ne peux pas rester sur cette note magique de l'île paradisiaque remplie de gens qui ont oubliés d'être méchants et cupides ... dans le fond ce qui m'a vraiment foutu le cafard c'est que je ne suis pas resté sur la carte postale que j'ai pu décrire jusqu'à maintenant.

On (au sens de l'espèce humaine) a bien foutu le bordel ici aussi, beaucoup trop de déchets "partout", du plastique en veux tu en voilà (des bouteilles de boissons aux grosse bâches peut-être apportées ici et là par la mer), des hôtels de luxe à plusieurs centaines d'euros la nuit où vous trouverez du champagne et autres choses incroyablement loin des conditions de vie des habitants "locaux", l'homme pourris vraiment beaucoup de choses qu'il touche et dans le fond je me suis fait envahir par une profonde tristesse en imaginant ce que ça risque de devenir d'ici 10 ou 15 ans ...

Pour finir sur une petite note positive quand même

Car c'est nul de ma part de finir ce billet de blog sur un coup de cafard, tout est possible il suffit de le faire, pour le meilleur et rien que pour le meilleur, il fallait bien que le dise d'une manière ou d'une autre ...

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