Nettoyage et replantage de coraux ...

Généralités

Voilà donc l'occupation officielle et principale de ces deux semaines sur l’île ... l'ONG savecambodianmarinelife(.com) propose à des écovolontaires de participer à leur projet de défense du récif ... ça se passe principalement autour des activités suivantes :

  • nettoyer le corail qui se trouve dans la "nurserie" (passer la brosse à dents pour virer les algues et prédateurs présents sur les structures : les "frames")
  • collecter du corail cassé (acropora uniquement) sur des sites naturels, cassé suite aux mouillages à l'ancre par les bateaux etc.
  • préparer des éléments pour les "frames" : couper des tuyaux d'arrosages, du fil de fer et assembler le tout pour faire des supports pour la nurseries de corail
  • nettoyer la zone de nurserie pour virer les vieux débris des anciennes structures (métal rouillé "mort", ou structures en plastique cassées par des ancres ou autre chose)
  • participer au comptage des espèces présentes sur le récif (mais je vous en dirais un peu plus)
  • éventuellement donner des cours en anglais dans l'école du village (merci c'est pas pour moi)
  • "nettoyer" la plage avec les enfants du village de pécheurs (heu, ça consiste à tout entasser dans un trou et à y mettre le feu ...)
  • et d'autres occupations détaillées sur leur site web (je crois), perso j'étais vraiment attiré par la partie "corail / récif" et pas par le reste :-)
  • .../...

ile-nord.jpg

Pour ma part c'était ma grande première en tant qu'éco-volontaire et je suis séduit par ce concept, je pense que je vais essayer chaque année de faire un truc de ce genre bien qu'il semble très très difficile de trouver des projets sérieux et bien ficelés.

Petit rappel de la carte pour comprendre notre zone d'intervention: la nurserie se trouve juste en face du village, sur un fond sablo-vaseux et le récif naturel sur l'ile en face ... bon il y a aussi un petit récif naturel au sud de la nurserie, à 30/40 coups de palmes en prenant un cap sud/sud-est.

D'une manière générale la zone est peu profonde, le plateau entre l'ile et le continent ne descends pas à plus de 30/40m (on y fera une deep-dive à 28m), c'est du sable à perte de vue (sur lequel peu de chose ne se fixe et ne se développe) et ce que j'ai pu voir des récifs : ils sont parsemés autour des iles et en assez mauvais état (beaucoup de destruction lié aux ancres des bateaux et parai-il que ça péchait à la dynamite il y a encore quelques années).

Une semaine bof

Bon, j'hésite à le dire de manière aussi basique mais la 1ere semaine a été - d'après moi - un peu "pipeau" : je trouve qu'on nous a occupés plus qu'autre chose et que si nous n'avions pas insistés on aurait fait des "fun dives" (plongées récréatives) et rien en relation réelle avec le projet.

J'étais venu pour apprendre des choses sur le corail et participer à une action sympa, finalement je me suis trouvé en vacances avec des personnes assez peu impliquées dans ce projet, le responsable du projet nous ayant accueillis à Sihanoukville (pour encaisser notre argent et nous souhaiter la bienvenue) n'est pas venu avec nous sur l'ile.

Le "top" a été lors du 3° jour (de mémoire) où on nous a envoyés "compter" les poissons sur le récif (action de recensement) en même temps que des clients du club de plongées allaient faire du "snorkeling" (palme-masque-tuba) ... on nous a donné des tablettes immergeables pour noter des trucs et Saskia (une autre éco-volontaire présente déjà depuis quelques temps) un petit livre à spirale présentant une 30-40 aine d'espèces de poissons vivant sur le récif.

Aucun encadrement, on s'est un peu retrouvés "abandonnés" sur le récif à "inventer" une méthode de comptage ... sachant qu'on ne connaît aucune espèce locale et que notre expérience de ce genre de choses qui se rapproche le plus est notre participation au comptage des hippocampes, soit 2 espèces très différentes d'hippocampes et au total 4 type d'observations à faire ... là on a 40 espèces différentes, sans savoir ce qui est intéressant (quels sont les "marqueurs" de qualité du récif) ... et pas de méthodologie ... pas de "ligne" sur le fond, pas de "distance" ... bref pour moi ça a été vraiment histoire de nous "occuper".

Exemple d'ardoise immergeable avec la liste des espèces à compter/observer

Le top du top est que nos observations n'ont pas été intégrées dans une base de données, et nos tablettes ont été nettoyées le lendemain au centre, sans aucune prise en compte ... "magique" de désolation ... j'aurais apprécié qu'on s'inscrive dans un projet plus global comme http://data.reefcheck.us/ par exemple mais pour ça il faudrait avoir un encadrement et des consignes claires autre que "allez compter les poissons".

Ça m'a suffisamment énervé pour que je me lance dans une "contribution" (qui ne servira probablement jamais) : j'ai fait une liste des 10 espèces qu'on a le "plus" observé, photos, deux colonnes, l'idée est d'imprimer la fiche, découper le papier, plastifier le tout, découper une 2° fois et ensuite il suffit de poser les fiches sur la plaquette immergeable, la faire tenir avec un élastique et donc il suffit ensuite de faire des coches sur la plaquette pour compter les poissons observés.

Vous pouvez télécharger le fichier PDF que j'ai proposé à l'ONG (fichier odf livré pour amélioration / corrections / modifications) 20151205-scml-table_for_life_survey2.pdf

En fonction des plongeurs qui participent on peut en plus confier juste 4 ou 6 ou 12 espèces à observer .... c'est tout con, tout simple et à mon avis indispensable, pour une ONG qui fait ce genre de choses depuis des années ça me semble incroyable qu'ils n'aient pas déjà ce genre d'outils ... sauf si au final c'est de la foutaise ...

Et une seconde semaine ... ça bosse un peu

La seconde semaine a été un peu plus intéressante, le responsable du projet ayant décidé de venir sur l'ile et avec la venue de 4 éco-volontaires de plus (sur une formule de 3 jours), nous avons été jusqu'à remettre du corail en milieu naturel sur le site "Corner Bar" de la petite île en face du village : "Koh Koun" ... et ça c'était vraiment pas mal.

J'ai eu quelques réponses à mes questions mais pas toutes, en particulier pourquoi il ne collecte que des acropora : c'est celui qui est le plus rapide à repousser (jusqu'à 10 cm par an), le plus "facile" à mettre en nurserie et le plus facile à collecter en milieu naturel ... sans compter que ces grandes "tables" de corail sont souvent cassées par les ancres des bateaux.

Par contre je n'ai pas entendu parler du danger de "trop" bouturer le même Acropora, je viens de lire sur un site traitant du sujet qu'il faut faire attention à ne pas toujours bouturer la même "source", le risque étant d’appauvrir le patrimoine génétique du récif au final (si on bouture toujours la même souche).

Maintenant que je sais quoi chercher je me rends compte qu'il existe beaucoup de documentation en ligne, je vous colle quelques pointeurs pour essayer de rassasier votre curiosité naturelle:

Du plastique, encore du plastique ... vos yeux auront sûrement remarqués que les structures "frames" sont faites de tuyaux pvc ... facile à assembler et à installer sous l'eau, ça peut encore passer, mais par contre je n'ai pas du tout apprécié l'utilisation du tuyau d'arrosage comme support de bouturage, le corail finis par se souder à son support et lorsqu'on le replace en milieu naturel le socle plastique reste avec le pied de corail. Je n'ai aucune idée de l'incidence de cette solution, est-ce que les composants chimiques du plastique ne finissent pas par entrer dans le corail ? est-ce qu'on ne va pas polluer le patrimoine génétique du pied de corail avec ça ? je n'ai aucune compétence dans ce domaine mais je pose juste des questions ... j'ai suggéré l'utilisation de matières plus naturelles comme on vois pour les huitres chez nous (utiliser de la terre cuite comme support) ... je sais que je vais continuer à réfléchir sur ce sujet et à chercher de la documentation ... j'ai en tête les scandales des tétines de biberons pour les bébés ... alors je n'ose pas imaginer que mettre en contact permanent un organisme vivant (le corail) avec le plastique du tuyau d'arrosage soit absolument sans danger !

Conclusion : trop exigeant ?

Sans doute suis-je trop exigeant, je m'attendais à tomber sur une équipe de passionnés ayant envie de communiquer leur passion aux éco-volontaires de passage et ayant envie de rassasier notre curiosité ... bon vous avez compris que ce ne fut pas le cas. Néanmoins je sais que la critique est facile et l'art difficile, j'ai quand même envie de souligner le fait qu'ils bossent, que c'est vraiment un gros boulot et qu'au final heureusement qu'il y a des initiatives comme ça pour essayer de prendre un peu soin de nos océans. Cela étant je proposerais bien quelques améliorations du genre:

  • envoyer de la doc aux éco-volontaires quelques semaines avant leur arrivée pour qu'on soit prêt (reconnaître les espèces vivantes ici)
  • constituer une FAQ pour toute personne qui "débarque" dans ce monde (pourquoi acropora, pourquoi ici, etc.)
  • réfléchir à utiliser de moins en moins de matières plastiques pour les structures (beurk) et surtout le pied de bouturage pour éviter tout contact "ingestion" ou "absorption" de plastique par l'organisme
  • .../...
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